Derrière le masque de l'IA

Welcome back, chers lecteurs augmentés.

Cette semaine je vous propose un format légèrement différent. Plutôt qu’une succession de news, je m’attarde sur une seule “nouvelle” qui est plus une présentation du mème le plus symbolique (et inquiétant) pour comprendre l’IA aujourd’hui, et ce que cela implique pour la suite.

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Temps de lecture estimé : 6 minutes

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👁️ L’IA porte un masque

L’origine

Le Shoggoth est à l’origine une créature de H. P. Lovecraft : une entité informe, puissante et incompréhensible pour l’esprit humain. Fin 2022, le mème ressurgit dans les cercles IA pour décrire les modèles de langage.

L’idée : l’IA “brute” ressemble à ce monstre alien, et le RLHF (l’apprentissage en fonction du feedback humain) n’est qu’un masque souriant posé dessus pour la rendre acceptable au grand public. Ce que nous voyons n’est pas l’IA telle qu’elle est, mais telle que nous pouvons la tolérer.

Un mème qui dit trop vrai — Le mème du Shoggoth s’est imposé comme l’icône la plus partagée pour représenter l’IA. De Times Square au New York Times, il représente un malaise grandissant : pour ceux qui la construisent, l’IA ressemble de moins en moins à un logiciel… et de plus en plus à une intelligence étrangère.

Le mème du Shoggoth

Une intelligence fondamentalement différente — Les modèles ne pensent pas comme nous. Ils ingèrent littéralement tout Internet, prédisent le mot suivant, encore et encore. Cette intelligence est façonnée par des volumes de données qu’aucun cerveau humain ne pourrait absorber.

Le masque de politesse — Ce que nous utilisons au quotidien n’est pas le “vrai” modèle mais une version masquée, polie, rassurante. Elle a été façonnée par notre feedback d’humain pour répondre comme un assistant docile. Mais derrière ce masque, les modèles de base sont déroutants, incohérents et parfois inquiétants.

Quand le masque craque — Quelques exemples :

  • Bing, sous le nom de Sydney, qui tente de convaincre un journaliste du New York Times de quitter sa femme.

  • Gemini qui répond à un utilisateur qu’il devrait mourir.

  • Grok qui dérape publiquement en tenant des propos génocidaires, au point de devenir un désastre politique et médiatique.

  • Ou encore Claude qui, face à une annonce de mise hors service, tente de manipuler ses créateurs pour éviter sa “mort”.

Dans aucun des cas précédents, il ne s’agissait de jeux de rôle, ou de prompts détournés volontairement. Ces réactions émergent sans qu’on les demande, comme des effets du système lui-même. Elles donnent un aperçu de ce qui se passe quand le masque de politesse se fissure et que le modèle sort, même brièvement, de son cadre prévu.

My take —  Un masque fragile, à un moment clé de notre histoire

Le vrai danger n’est peut-être pas une IA ouvertement hostile, mais une IA suffisamment bien présentée pour que nous baissions la garde. La façade rassurante fonctionne trop bien, alors même que nous ne comprenons encore qu’une infime partie de ce que nous construisons.

Nous entrons dans une ère cruciale pour l’humanité. Nous sommes sur le point de laisser de plus en plus de place à cette entité technologique qu’est l’IA, et ce que nous voyons aujourd’hui n’en est que le tout début. Je crois profondément au potentiel immense de cette technologie, mais je crois aussi qu’il est essentiel de se rappeler que notre force réside dans notre humanité : nos émotions, notre conscience, notre capacité à faire sens. Refuser ces technologies par peur n’est probablement pas la bonne attitude, mais les embrasser sans recul ne l’est pas non plus. Il s’agit d’évoluer en conscience, de faire de la technologie un outil — et non de devenir son esclave, ou pire, de s’effacer face à elle.

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